mardi 4 décembre 2018

Maladie mentale: les symptômes qui persistent après la crise

La maladie mentale, c'est plus complexe que la maladie physique. Déjà ça ne se voit pas, donc c'est plus difficile à comprendre et à accepter. Et puis difficile de dire à partir de quel moment on est guéri puisque souvent, il faut prendre des médicaments pendant longtemps pour éviter une rechute. Aujourd'hui je veux parler des symptômes qui persistent après une crise. Il y a trois phases dans la maladie mentale: les signes avant-coureurs, la crise et la rémission. On est guéri à partir du moment où l'on retrouve sa stabilité, ou l'on est "stable" comme disent les médecins. Retrouver la stabilité cela demande du temps, même si le "gros" de la maladie, c'est-à-dire la crise, est passé, certains symptômes sont encore là. 
A titre d'exemple, les signes avant-coureurs peuvent être beaucoup de stress, du manque de sommeil et des angoisses. La crise, ce peut être un épisode psychotique. Et les symptômes qui surviennent après ou qui persistent sont les angoisses, le stress et les troubles du sommeil. 
Dans mon cas, les mois suivant un épisode psychotique (voir ma maladie mentale), j'ai dû faire face à ces symptômes. Alors que je n'avais jamais eu d'angoisses, sont survenues certaines peurs qui ont heureusement disparu aujourd'hui. 
Pendant presque un an, je n'ai pas pu conduire. D'un coup, au volant, j'avais peur et je devais m'arrêter immédiatement. Sans raison, une angoisse surgissait, m'empêchant de continuer. La nuit aussi, il m'arrivait de me réveiller en ayant peur. Il fallait allumer la lumière et au bout d'un moment, ça passait. Le problème, c'est que ça pouvait surgir à n'importe quel moment et que je ne savais pas de quoi j'avais peur. Assez rapidement, je me suis rendue compte, que le fait d'en parler avec quelqu'un m'aidait. Comme si la communication m'ancrait dans le réel et faisait s'envoler cette peur irrationnelle. Je commençais donc à parler à la personne la plus proche quand cela arrivait: "J'ai peur! - De quoi as-tu peur? - Je ne sais pas. - Comment je peux t'aider? - Ça m'aide d'en parler. etc." Et petit à petit, à dire ce que je ressentais et ce que j'étais en train de faire, la peur disparaissait. Souvent c'était mon mari qui était à côté où que j'appelais par téléphone. D'autres fois, c'était une collègue ou un membre de la famille. 
Il m'est également arrivé d'avoir peur dans les transports en commun. Là c'était vraiment handicapant, car je me rends au travail en train. Cette peur-là, j'ai dû l'affronter parce que je n'avais pas le choix. Mais heureusement ça n'est pas arrivé très souvent. En revanche la peur en voiture, c'est en y allant petit à petit que j'ai pu la vaincre. Au bout de longs mois sans conduire, j'ai décidé d'affronter ma peur, car je ne voulais pas que cette phobie s'installe. J'ai donc commencé par de petits trajets que je connaissais bien. Et puis, je me suis attaquée au trajet maison-collège (1 heure de route). Les premières fois, je devais m'arrêter à mi-chemin pour faire une pause. Puis j'appelais mon mari qui me rassurait et je repartais. 
Finalement, durant ces périodes, ce qui m'a aidée à m'en sortir, c'est d'abord la volonté de guérir et de retrouver une vie normale. Ensuite, le soutien de mes proches a été primordial. Mon mari était une sorte de coach à qui je pouvais tout le temps me confier. Ma mère, qui nous a rendu visite et est restée plusieurs semaines chez nous, m'a aussi beaucoup aidée à reprendre confiance. 

Quand on a une maladie psychique, le monde s'écroule. La vie normale s'arrête et on est catapulté, quelques heures, plusieurs jours ou plus longtemps dans le cas d'une psychose, dans une sorte de monde parallèle. On n'est plus dans la réalité, on la perçoit différemment. On est dans une sorte de pièce de théâtre où notre cerveau devient maître. On a des certitudes, souvent loufoques, qui nous font agir de manière étrange, voire dangereuse. La rémission est lente et on ne sait pas à l'avance combien de temps il faudra pour guérir. Au début, le malade et ses proches ont peur que cet état dure toujours, mais il y a des médicaments et des thérapies qui permettent de guérir. J'ai même rencontré des gens à l'hôpital qui n'ont pas été malades pendant 20 ans. 


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