samedi 22 septembre 2018

Ma maladie mentale

C'est en 2014 que tout a commencé. Pendant quelques jours, mes pensées s'emballaient, étaient omniprésentes et m'empêchaient de vivre normalement. Pendant trois nuits, j'ai peu, voire pas du tout dormi. Le quatrième soir, j'ai demandé à mon compagnon de m'emmener aux urgences psychiatriques. 
Une fois là-bas, les symptômes empirent et j'y reste volontairement. J'ai alors commencé à avoir peur de devenir folle, peur de perdre mon compagnon et mon travail. Mes parents ont tout de suite fait le déplacement et mon compagnon me rendait visite tous les jours. Finalement au bout de quatre semaines j'ai repris le boulot. J'ai choisi de ne pas raconter ma maladie à tout le monde. Au travail je n'en ai pas du tout parlé. Je n'avais d'ailleurs pas de diagnostic à l'époque. 
Avec le recul et la thérapie aidant, j'ai compris que j'étais restée dans un état de stress permanent pendant plusieurs mois, que je me mettais trop la pression dans mon nouveau travail et qu'à tout ça s'est ajouté une petite crise existentielle du devenir adulte. Avais-je pris les bonnes décisions? Est-ce que je voulais m'engager pour toujours avec mon compagnon? Voulais-je m'installer durablement en Allemagne?

En 2015, rechute! Cette fois c'est un burn-out professionnel. A quelques mois de mon mariage, mes élèves ont raison de moi. Quand je comprends que je risque de faire une rechute, il est déjà trop tard. impossible de me relaxer ni de dormir correctement. Je me retrouve à psychoter de nouveau. En voiture, je crois que l'émission de radio a été faite spécialement pour moi et en arrivant à la maison, je suis persuadée qu'une ambulance attend dehors que mon fiancé (mon ancien compagnon) leur donne feu vert pour venir me chercher. A l'hôpital je crois que tous nos invités sont déjà là et attendent derrière une porte. 
Je reprends la thérapie et les médicaments que j'avais arrêtés six mois après mon premier épisode psychotique de peur des effets secondaires et de la dépendance. Cette fois, grâce aux vacances scolaires, j'ai neuf semaines de repos et reprend le travail en meilleure forme. 
Comme à chaque fois, certains symptômes persistent lors de la période de rémission: des peurs sans raison apparente, la peur d'avoir peur, un état fébrile, la difficulté à conduire seule, la peur dans les transports en commun, l'impression que chaque jour est une épreuve et que le temps passe très lentement. 
Mon mariage me donne une forme de sécurité et après ces symptômes s'estompent rapidement. C'est après le premier épisode que j'avais eu le plus de problèmes, sûrement parce que j'avais repris le travail bien trop tôt. Mais la première fois, on ne veut pas accepter la maladie. 

Le troisième c'était un burn-out maternel en 2017. Ça faisait un  moment que j'étais obsédée par la température dans la chambre à coucher la nuit (pas plus de 19 degrés pour un nouveau-né). Avec les nuits courtes et la fatigue accumulée, ça n'a pas raté, après quelques jours chez mon frère et un pic de croissance de ma fille, la rechute est arrivée. Crise de larmes, la peur de faire mal à mon enfant. J'étais par terre dans la cuisine et ne réagissait plus. Le départ pour l'hôpital a été terrible cette fois-ci puisque je devais laisser ma fille de trois mois et demi. Après la dépression, au sens dé-pression (passage à vide après avoir voulu être forte et gérer), il y a eu (enfin) l'acceptation de la maladie. Je suis restée six semaines à l'hôpital et en suis ressortie presque guérie. 

Promenade avec les patients de l'hôpital

Maintenant je sais que c'est une maladie comme une autre, que je dois continuer mon traitement le temps qu'il faudra et que je dois lever le pied pour éviter une rechute. Mais les choses ont changé. Je suis devenue maman, ce qui fait relativiser son rapport au travail. Mes parents habitent dans l'appartement en bas de chez nous, ce qui nous est d'une grande aide pour nous occuper de notre fille. J'ai l'impression que ce soutien et la réduction de mon temps de travail m'aident à rester zen. Et puis avec un enfant, on n'a plus le temps de se prendre la tête!

2 commentaires:

  1. Bonjour, j'ai lu avec attention ton témoignage. Un témoignage authentique, vrai et honnête. Je te remercie pour ce partage.
    Je suis ravie que tu t'écoutes, que tu prennes soin de toi et que tu as su mettre des choses en place pour te protéger/te faire du bien. Comme dirait Winnicott, les enfants ont besoin de mère "suffisamment bonnes". C'est à dire ni trop parfaites, ni trop imparfaites. Cette phrase fait relativiser ;)

    A bientôt,
    Line de https://la-parenthese-psy.com/astuces-bien-etre/stress-pourquoi-les-videos-dasmr-nous-detendent/

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour ton commentaire et ton lien! Je pense qu’il est important de témoigner pour faire tomber les a prioris.

    RépondreSupprimer

Cohabiter avec ses parents   Nous avons fait réalité, il y a 6 ans, ce qui serait un cauchemar pour beaucoup : nous vivons avec mes pa...