vendredi 21 décembre 2018

Mon quotidien sous anti-psychotiques

Après trois épisodes psychotiques en quatre ans, j'ai décidé de continuer à prendre mon traitement afin d'éviter une rechute. Cette décision est mûrement réfléchie. En 2017, après la deuxième rechute, j'ai enfin accepté ma maladie et le fait de devoir prendre un traitement de longue durée. 

Au quotidien, la maladie pèse plus ou moins sur tout ce que je fais, selon l'espace-temps qui me sépare d'un épisode. Plus je m'en éloigne et moins j'y pense, moins je fais attention à moi. C'est presque impossible d'être tout le temps sur le qui-vive, la routine l'emporte et le stress ou la fatigue finissent par revenir dès que je baisse un peu la garde.


Le sommeil

Le traitement sur la durée, à savoir de la quétiapine, un anti-psychotique à prendre tous les soirs, signifie que je ne dois pas oublier de le prendre à heure plus ou moins fixe. Comme à la bonne vieille époque de la pilule! Après plusieurs essais au début, j'ai finalement adopté l'horaire suivant: 18-19h en semaine et 19-21h le week-end. J'ai remarqué que la fatigue que produit ce médicament persiste le matin si je n'espace pas la prise et le lever de 12 heures. En revanche, le soir, je fatigue, voire je m'endors carrément, environ trois heures après la prise du médicament. Il faut donc bien que j'y pense tous les soirs pour ne pas être dans les vapes le lendemain matin. Il m'arrive d'avoir sommeil très tôt le soir, ce qui est un peu handicapant quand on reçoit des amis ou si on sort. Et le week-end, j'ai beaucoup de mal à me lever le matin.  

La consommation d'alcool

Et puis il y a l'alcool.... grand problème pour moi de ne pouvoir de temps à autres déguster un bon verre de rouge ou un petit muscat ou bien même une margarita. Quand j'associe alcool et médicament (oui, je sais...), le soir, dans mon lit j'ai des fourmillements dans les membres. Donc autant dire que je ne l'ai pas fait souvent. Ce que je fais parfois, c'est que je m'autorise un verre et je fais l'impasse sur le médicament ce jour-là. J'ai fini par l'avouer à ma psychiatre cette semaine qui m'a répondu que ça n'était pas grave tant que ça restait ponctuel (une fois tous les deux mois environ). 
L'alcool, c'est aussi un élément culturel de consommation courante, si bien que les gens ne comprennent pas toujours qu'on n'en consomme pas. J'ai toujours droit aux réflexions: "T'es enceinte?" ou "Tu ne bois pas d'alcool?", "Allez, un petit verre ça ne fait pas de mal". 

Les effets secondaires

C'est ce qui me faisait très peur au début et puis maintenant je n'y pense plus trop. Je ne me suis pas vraiment renseignée. Maintenant je ne vois plus le traitement comme un ennemi, mais comme un allié. C'est grâce à lui que les angoisses et autres troubles psychiques sont sous contrôle, donc heureusement qu'il existe.
Le principal effet secondaire, après la fatigue, c'est la prise de poids. La quétiapine et l'olanzapine que je prenais avant ma grossesse m'ont fait prendre 10 kilos. J'étais mince, donc le changement ne choque pas trop, mais ça m'embête surtout au niveau du ventre, là où ça se voit le plus.
La majorité des neuroleptiques sont photosensibles, le mien y compris. Ça veut dire pour moi haute protection solaire obligatoire tout l'été sur le visage. Malgré cela, j'ai quelques taches qui sont apparues ici et là.

La vigilance en permanence

Prendre un anti-psychotique cela ne suffit pas à éviter de tomber malade, il faut aussi y mettre de la volonté. Il faut changer certaines habitudes, éviter la fatigue et le stress autant que possible. D'un naturel plutôt à tout faire à la dernière minute, j'ai appris à m'organiser et à mieux répartir mes tâches. Maintenant je prépare les contrôles pour mes élèves deux semaines à l'avance, j'organise toutes les photocopies pour la semaine le lundi ou le vendredi d'avant. A la maison, j'ai appris à lâcher du lest, tant pis si je suis trop fatiguée pour ranger la cuisine le soir ou lancer une machine, je laisse pour le lendemain.

Peut-être que la méditation, le yoga ou le changement de certaines habitudes me permettrait de vivre sans traitement. Peut-être qu'il existe des alternatives naturelles. Mais le traitement c'est la sécurité, et même avec, ce n'est pas l'assurance que je n'aurai plus de rechute. Il me permet de garder à peu près le même rythme de vie qu'avant. Je travaille 16 heures par semaine, je m'occupe de la maison et de ma fille.

© Copyright décembre 2018 Lucie Lebe Tous droits réservés 

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