Cohabiter avec ses parents
Nous avons fait réalité, il y a 6 ans, ce qui serait un cauchemar pour beaucoup : nous vivons avec mes parents. Ils ont l’appartement en dessous du notre. Ce qui est ici courant, mais qui horrifie aussi beaucoup d’Allemands (c’est selon). En France, plutôt impensable.
Mon oncle et sa famille vivaient avec mes grands-parents et ça ne se passait pas bien tous les jours, donc disons que de mon côté, on ne partait pas gagnants. Du côté de mon mari, il a grandi de cette façon et en garde un souvenir d’une enfance très heureuse avec en prime une relation privilégiée avec ses grands-parents paternels. (Ma belle-mère, elle, ne veut même pas aborder le sujet, quand je lui demande comment ça se passait avec ses beaux-parents…) Vous suivez ?
Maintenant qu’on a sauté le pas (et on ne le regrette pas), je pense beaucoup aux notions de communauté, au terme de « village » pour élever un enfant et toutes ces choses positives qui redeviennent à la mode. Un jour je me suis amusée à compter, Choupie avait 13 personnes, dans sa petite enfance, qui participaient activement à son éducation ; c’est pas mal ! Ses grands-parents maternels occupent une place toute particulière puisqu’ils viennent juste après nous, en position 3 et 4. (C’est évidemment la même chose pour sa petite sœur.)
Mais revenons-en à notre sujet : la cohabitation. Heureusement, ça se passe beaucoup mieux qu’en politique ! Il ne s’agit pas à proprement parler d’une cohabitation, car on ne partage pas d’espace de vie commun (à part le jardin l’été). Il y a des modèles de cohabitation intergénérationnelle où les espaces de vie sont communs. Nous ne cohabitons que lors de moments où nous l’avons décidé à l’avance. On mange tous ensemble le dimanche midi ou on passe dire bonne nuit chez mes parents en fin de journée lorsqu’on revient d’une sortie.
Bien sûr qu’on se dispute, il y a des non-dits et des malentendus. Mais on savait que la cohabitation serait possible entre nous, les quatre adultes, grâce au fait que tous les concernés étaient aptes et ouverts à la discussion en cas de conflit. Ça a été l’argument qui m’a fait dire oui… car j’étais contre au début. Pour plusieurs raisons et parce que ça ne fait pas partie de ma culture, j’étais (et mon père avec moi) tout à fait contre cette idée quand elle a été abordée par Georgeounet. Je les aurais acceptés dans notre rue, à quelques maisons de la nôtre, mais jamais de la vie dans le même bâtiment.
Evidemment nous avons des points sensibles, des sujets sur lesquels on trouve que l’autre s’immisce trop. Pour mes parents ce sont les questions de santé (je tanne ma mère pour qu’elle aille faire ses révisions médicales) et pour nous l’éducation des enfants (je dois m’entendre dire de temps en temps que je ne suis pas assez sévère avec mes enfants - l’éducation bienveillante passe parfois pour laxiste). Mais les avantages priment. Ils sont financiers, on partage les couts des rénovations nécessaires dans la maison, par exemple. Nous avons des baby-sitters à domicile. Lorsque Choupie était petite, nous sortions presque tous les vendredis soirs. Maintenant avec deux enfants, ce n’est plus aussi facile, car la garde des deux les fatigue plus. Mais cela reste super pratique les jours de semaine où elles sont malades par exemple. Mes parents nous aident dans les tâches domestiques, ma mère plie notre linge et mon père vient parfois m’aider le soir avec les enfants si Georgeounet rentre tard. On ne passe pas tous nos week-ends avec eux, loin de là. On a trouvé un bon équilibre, entre repas ou sorties le week-end, week-ends prolongés dans une autre ville ou repas de midi en semaine tous les six.
Avec tout ça, j’en viens presque à oublier, l’élément qui a constitué le plus grand obstacle : le changement de pays. Eh bien, il était déjà prévu depuis longtemps, sauf que mes parents projetaient de s’installer en Espagne, près de la famille de ma mère. Cela a donné lieu à des situations très cocasses lorsque leur décision a été prise. A l’approche du départ à la retraite de mon père, amis et collègues leur demandaient si le grand dépaysement était pour bientôt et quand mes parents leur annonçaient que ce serait finalement l’Allemagne, les gens étaient interloqués : « l’Allemagne, mais pourquoi ? », Mais ne faites pas ça ! Scénario catastrophe pour beaucoup de Français.
Après 6 ans de vie commune, on continue d’apprécier les moments privilégiés avec eux et eux avec nous, en particulier la joie que leur apporte la proximité avec leurs petits-enfants. L’alternative serait de vivre à des centaines de kilomètres et de devoir passer la plupart des vacances dans le train à se rendre visite mutuellement. Alors que maintenant on part parfois en vacances tous ensemble avec mon frère et c’est beaucoup plus chouette !
Sources :
https://www.generationdomotique.com/5-avantages-de-vivre-dans-une-maison-multigenerationnelle/
https://www.ledevoir.com/societe/567413/logement-l-aventure-de-la-maison-intergenerationnelle?