samedi 15 juin 2019

Ce que vous allez aimer en adoptant le zéro déchet

Le zéro déchet c'est une mode dirons certains et ils auront raison. Mais quoi de mieux que de pouvoir allier mode et responsabilité, mode et engagement écologique et citoyen. Le ZD c'est dans l'air du temps et ça fait du bien au moral, au porte-monnaie, à la santé et à l'environnement, alors on fonce!

- Les brosses à dents en bambou deviennent partie intégrante de la déco dans la salle de bains. Les brosses à dents  couleur beige de toute la famille s'harmonisent très bien avec un joli pot et un beau carrelage. C'est sobre, tendance et adieu les couleurs criardes de leurs homologues en plastique. 
On atteint le même résultat avec beaucoup d'autres ustensiles aux couleurs naturelles: peigne et brosse en bois, oriculi, pads démaquillants lavables, etc. 

- Les jolis bocaux dans la cuisine: les miens sont de récup, ce qui est encore plus écologique. Je les ai récupérés chez des cousins qui ont acheté une vieille maison et qui ont hérité d'une grande collection de bocaux de tailles diverses. Au retour du marché ou du magasin en vrac, il n'y a plus qu'à remplir les bocaux de féculents, farine, pâtes et autres aliments secs. Ensuite on prend plaisir à les agencer dans ses tiroirs, armoires ou étagères pour un effet déco assuré. Les miens ont un couvercle en verre, ce qui permet de voir l'intérieur facilement pour ceux stockés dans les tiroirs. 

- Le sentiment de libération que vous procure le fait de moins consommer et de tendre au minimalisme. Depuis que je ne fais plus de séances de shopping régulièrement, je me sens plus légère. Plus de culpabilité à avoir dépensé trop d'argent, un sentiment de soulagement quand je vais en ville, en me disant que je n'ai plus besoin d'entrer dans des enseignes de fast fashion (et me coltiner les cabines d'essayage bondées, la queue à la caisse et le temps passé à chercher la perle rare dans l'immensité du choix proposé). J'ai compté mes paires de chaussures il y a peu et j'en ai 25! J'avais complètement sous-estimé ce chiffre et j'ai été un peu choquée en le découvrant. Pas une paire de plus ne fera son entrée chez moi, à chaque nouvelle paire, il faudra que je me débarrasse d'une ancienne.  

- La joie de posséder des vêtements et des objets auxquels on tient vraiment. Pour la décoration et les bibelots on a toujours été minimalistes. Pour les vêtements, c'était plutôt le contraire. Maintenant j'essaie d'adopter tout doucement le concept de garde-robe capsule et c'est amusant à faire. Il faut penser sa penderie en termes de tenues et d'associations. Là aussi, le fait de se débarrasser de vêtements trop petits, trop grands ou qu'on n'a pas mis depuis longtemps procure un grand sentiment de soulagement (même s'il est difficile de sauter le pas). Petit à petit, j'ai réduit ma garde-robe tout en augmentant le nombre de pièces auxquelles je tiens vraiment (échange de vêtements, achats d'occasion ou de vêtements éthiques). 

- Le gain de temps: vu de l'extérieur difficile à croire: cuisiner ses plats soi-même, faire ses produits cosmétiques et d'entretien soi-même et faire ses courses au marché riment avec gain de temps ? Eh bien la réponse est oui. Plus on progresse dans le ZD (car n'oublions pas que c'est une transition à faire progressivement, on ne devient pas ZD du jour au lendemain) et plus on prend conscience de cet avantage qui est sans nul doute le meilleur. Car si on restreint l'activité à laquelle on s'adonnait avant à cœur joie, c'est-à-dire consommer, on arrive à dégager pas mal de temps libre pour des activités beaucoup plus intéressantes: passer du temps avec ses enfants ou aller dans la nature, pour ne nommer que ces exemples. 

- Les économies réalisées: Le ménage au vinaigre blanc et au bicarbonate n'est qu'un exemple des (grandes) économies que l'on réalise en passant au ZD. Alors, l'augmentation de budget que suppose une alimentation 100% biologique est vite compensée par le passage à des produits naturels et réutilisables. 

- La sérénité que vous apporte le fait de savoir que vous faites ce qu'il faut pour protéger la planète et la santé de votre famille: dans un contexte international de plus en plus anxiogène du fait de l'évolution climatique et de l'inaction des principaux dirigeants, les actions individuelles nous font nous sentir mieux. Chacun peut agir à son échelle afin d'apporter sa pierre à l'édifice tout en agissant conscience et âme. C'est l'idée du verre à moitié plein. Au lieu de se dire qu'il est de toute façon trop tard, le fait d'agir, ne serait-ce qu'un peu, permet de rester positif et apporte même une certaine tranquillité. 

Comme pour tout dans le ZD, le premier pas et souvent difficile à faire (surtout pour la majorité des personnes, pour qui l'écologie était un enjeu secondaire, laissé aux mains de quelques babas un peu délurés à leurs yeux). Et une fois cette première étape franchie, on observe des bénéfices personnels et environnementaux. C'est un pli à prendre, tout le monde ne se sensibilise pas au même rythme ni de la même façon aux enjeux environnementaux. Chez moi, c'était mon idée de commencer à tendre vers le ZD. J'ai eu le déclic à l'automne 2018 après avoir découvert le zéro déchet grâce à la Famille (presque) zéro déchet et Béa Johnson. J'ai alors décidé de faire mes courses au marché en emmenant mes contenants. Au début, mon mari a eu du mal à accepter ces changements, il avait peur que je devienne peu à peu une écolo extrémiste qui finirait par arrêter de s'épiler! Je ne l'ai pas brusqué, ni obligé à me suivre dans ma démarche, mais je savais qu'il finirait par avoir un déclic comme moi. J'avais vu la vidéo TEDx de Patri et Fer (Vivir sin plástico). Pour eux aussi, l'initiative était venue de la femme et lui avait fini par voir le plastique partout avant de décider de se lancer avec elle dans l'aventure. Chez nous, cela n'a pas été aussi radical, mais mon mari voit les choses autrement maintenant. Même s'il utilise encore des produits chimiques pour faire le ménage, il a changé d'avis sur beaucoup d'autres points. 

Si vous hésitez, lancez-vous, à votre rythme. Cela en vaut la peine, vous avez beaucoup à gagner !





"L'eau, goutte à goutte, creuse le roc."

Théocrite


lundi 10 juin 2019

Pourquoi il est si compliqué de parler de santé mentale

Etant encore largement taboue, la maladie mentale est méconnue et effraie. La majorité des personnes ont des a priori. Par réflexe, on a tendance à ne pas prendre les personnes atteintes au sérieux. C’est l’invisibilité des symptômes qui fait qu’il est parfois difficile de croire qu’une personne physiquement en bonne santé puisse aller mal.
Je me rappelle avoir jugé ou m’être moquée de proches en me disant que c’était bien pratique de tomber malade pour éviter certaines situations. Maintenant je sais que l’humeur peut changer d’une seconde à l’autre, que les angoisses peuvent être si envahissantes qu’elles empêchent toute vie sociale, que le repli sur soi fait partie des symptômes annonciateurs de la maladie mentale et que la paranoïa fait avoir des comportements bizarres (cf. post antérieur "ma maladie mentale").
Au début, aucun diagnostic n’est posé, les médecins ont besoin de temps pour écouter et comprendre le patient. Cela rend le début de la maladie très difficile, il n’y a pas de mots pour dire ce que l’on vit. Durant une crise, la communication avec le patient est très difficile, voire impossible. Il faut attendre de longues semaines, voire de longs mois pour que le patient et le corps médical puisse comprendre ce qu’il lui arrive. Durant cette période, difficile donc de dire à son entourage : « je suis internée en hôpital psychiatrique, mais je n’ai pas encore de diagnostic. J’ai peur de devenir folle. » Cela inquièterait tout le monde. D’autre part, dû justement à cette stigmatisation, on réfléchit bien avant d’annoncer telle nouvelle. Cela pourrait avoir des répercussions, sur le plan professionnel notamment.  
En dehors de cette phase difficile qui suit la crise, je pense que la lourdeur du sujet fait qu’il soit difficile à aborder. On ne lance pas entre le fromage et le dessert « Ah, au fait, je fais des psychoses ». Souvent quand j’en ai parlé à mes proches, on a parlé de toutes les étapes de la maladie, les causes et les conséquences. Avec une amie que je vois rarement, on en parlait beaucoup et même si ça me faisait du bien, j’avais toujours l’impression après de m’être trop attardée sur le sujet et d’avoir gaspillé du temps de nos rares moments ensemble. Alors avec d’autres, j’avais moins envie de rentrer dans les détails, car j’avais besoin de parler d’autre chose.
Au travail, je ne veux pas en parler. La première raison est que tout se répète et se déforme et que cela me dérangerait vraiment que les parents et les élèves soient au courant. Par rapport à mes collègues et à la direction, c’est plutôt par prudence. Dans le contexte actuel, je sais que je serais épaulée et comprise, mais qui sait de quoi l’avenir sera fait. C’est surtout par peur que cette information soit un jour ressortie dans un contexte moins favorable que je n’ai jamais parlé ouvertement de ma maladie. Cependant, si je venais à retomber malade, je ferais peut-être le choix d’en parler pour pouvoir négocier une reprise du travail progressive par exemple. Dans mon établissement, il y a eu cinq burn-outs en cinq ans, alors ça devient malheureusement monnaie courante.
On met du temps à apprivoiser la maladie, à l’accepter et à retrouver une vie normale. Dans ce contexte, il n’est pas évident de s’ouvrir aux autres. Dans mon cas, j’ai traversé, après mon premier épisode psychotique, les états de dépression, de déni, de colère (pourquoi moi ??), de laisser-aller et finalement d’acceptation. A partir de cette dernière étape très apaisante, on retrouve pleinement la confiance en soi et on peut enfin prendre du recul sur la maladie. Là, le discours peut s’organiser et il est plus facile d’en parler. Car oui, la maladie mentale est une maladie du cerveau, la pensée et l’approche au monde sont réduites à néant ou fortement déformées. Et ça, ça attaque sérieusement la confiance en soi. La maladie est un tel bouleversement qu’on a vraiment l’impression de repartir de zéro. Avec la peine et la douleur qu’implique la perte de sa vie normale. Le temps que le cerveau s’en remette, on est limité dans ses actions, on ne peut pas mener une vie normale. Et quand on est guéri, certaines limitations persistent. Mais la confiance en soi revient. 

Il faut absolument libérer la parole à ce sujet, cela rendrait beaucoup de choses tellement plus simples. Cela contribuerait sûrement à rassurer les patients. Ce serait bien si chaque personne qui tombe malade sache qu’il existe des traitements et que cet état ne sera pas perpétuel, que sa vie n’est pas fichue. Le sommeil, le temps et la parole sont les remèdes naturels. Pour le reste, dans nos sociétés, place à la chimie (cf. post antérieur "mon quotidien sous anti-psychotiques")





Cohabiter avec ses parents   Nous avons fait réalité, il y a 6 ans, ce qui serait un cauchemar pour beaucoup : nous vivons avec mes pa...